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LGBT+ : Le numérique pour s'émanciper

  • Photo du rédacteur: Oriane Chaït
    Oriane Chaït
  • 19 juin 2018
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 14 juin 2020

A 26 ans, David assume pleinement sa sexualité. Ça n'a pas toujours été le cas.

A l'heure du lycée et des premiers émois, lui, jouait un rôle. Jusqu'au jour où il découvre l'application de rencontre gay Grindr.


Saint-Affrique. Septembre 2009. David vient de souffler ses 17 bougies. Il est en première au lycée Jean Jaurès. Sa famille et ses amis le pensent hétérosexuel. Lui, l'espère aussi. Mais il y a ses fois où son attirance pour les autres garçons se manifeste. Quand ça arrive, il se dit que « c'est sûrement passager ». Alors il joue aux hétéros. Une petite amie par-ci, une blague misogyne ou homophobe par-là. La panoplie du sauveur de meubles. « Pour faire bien ». Parce qu'ainsi, c'est plus facile.


Ce n'est pas écrit sur le front des gens

Dans sa ville d'à peine 10 000 habitants, tout le monde connaît tout le monde. Il n'est pas rare qu'au café du coin, on commente la vie des autres avec une certaine médisance. « L'effet petite ville » comme il le décrit. Et le lycée et ses "castes" ne sont pas là pour arranger les choses. Socialement intégré, il préfère que son vrai lui fasse profil bas. Au moins jusqu'à la Fac. Dans une plus grande ville, il pourra « moins se soucier du regard et du jugement des autres ».


L'année suivante, la graine a germé. David commence à accepter son homosexualité. « Toujours à l'intérieur ». Ses désirs le titillent. Son attirance pour les jeunes hommes crie un peu fort chaque jour. L'adolescent se rassure en se disant qu'il ne doit pas être le seul dans son lycée à être homo. Problème. Ce n'est pas écrit sur le front des gens. « A cette époque, je commençais à vouloir rencontrer des gens comme moi. Mais je ne pouvais pas deviner qui l'était ou ne l'était pas. C'est à ce moment-là que j'ai compris que vivre normalement ma sexualité allait être beaucoup plus compliqué qu'une personne hétéro » se rappelle David.


Les mois passent. Le bac aussi. Il l'empoche avec mention. A lui Bordeaux. A lui la Fac, l'euphorie du premier appartement, des sorties entre potes et des premières rencontres. La première fois qu'il s'essaye aux hommes, ce sera dans un « lieu gay de drague en extérieur ». Des coins discrets au fond des bois référencés sur internet. A la nuit tombée, des gays s'y rendent pour draguer. L'étudiant y va une fois, deux fois et puis s'en va. Ce n'est pas la vie qu'il veut. Il doit y avoir autre chose. Cette année-là, une amie lui fait connaître l'application Grindr. Une mini-révolution. « Du jour au lendemain, je suis passé du jeune homme qui pensait être seul au monde au jeune homme qui découvre qu'il y a pleins d'autres mecs comme lui tout autour. C'était fou. »




Des hommes géolocalisés autour de soi

L'application de rencontres est destinée aux hommes homosexuels, bisexuels ou "bi-curieux". Elle permet de discuter, d'échanger des photos avec des hommes géolocalisés autour de soi. Des rencontres, il en a fait. Plus d'une. Son « adolescence sur le tard » comme il l'appelle. C'est pourquoi aujourd'hui, même s'il admet que cette application est « beaucoup porté sur les relations sans lendemains », elle a des aspects positifs non-négligeables. « En tant que minorité sexuelle, si tu veux rencontrer des gens comme toi, aujourd'hui, tu n'as pas énormément de solutions. Grindr en est une. Certes, ça n'aboutit pas toujours à quelque chose de sérieux et de concret, mais en attendant, c'est une alternative. Pour tous ceux comme moi qui n'aiment pas fréquenter les bars et les boîtes gays par exemple. »


Aujourd'hui « pleinement assumé », les rencontres « de la vraie vie » se font plus faciles. « Je n'ai plus peur de dire qui je suis vraiment. Mais ça a été un vrai chemin. Aujourd'hui, quand je rencontre de nouvelles personnes, je n'essaye pas de mentir ou de me faire passer pour quelqu'un d'autres. Je suis vraiment moi » fait valoir David. « Grindr peut réellement servir à s'émanciper quand on ne peut pas faire autrement. » Sans ajouter que sans cette application, David n'aurait peut-être jamais rencontré son petit ami actuel.


Oriane Chaït

 
 
 

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