Divorce, séparation : les sites de rencontre pour refaire sa vie

Repartir de zéro après un divorce ou une séparation peut s'avérer délicat. Surtout quand il s'agit de refaire sa vie. Jonglant entre son travail et son rôle de mère célibataire, il y a quelques années, Sylvie a fait le choix de chercher l'amour sur Meetic. Récit.

Mai 1999. Après sa rupture avec le père de sa fille, Sylvie quitte les tours de Créteil pour la verdure corrézienne. Toutes les deux, elles emménagent à Saint-Augustin, un petit village au nord du département. Très vite, la mère célibataire trouve un travail en tant qu'aide-soignante dans une maison de retraite. Sa fille entre au CE2. La vie reprend son cours. « Le voisinage est agréable et l'environnement plaisant ».

« Personne n'allait venir toquer à ma porte »

Les premiers mois passent. Puis les années. Deux ans se sont écoulés depuis sa séparation. Sylvie se sent prête à refaire sa vie. Tout du moins, elle aimerait bien. Dans les faits, c'est plus compliqué. Pendant son temps libre, quand elle trouve une baby-sitter, il lui arrive de sortir avec des amies en boîte de nuit à Tulle.

« Pour rencontrer quelqu'un, il fallait bien sortir. Personne n'allait venir toquer à ma porte » fait valoir la mère célibataire.

Ces sorties-là durent un temps. Sylvie se rend rapidement compte que le milieu de la nuit ne va pas l'aider à trouver « quelque chose de sérieux avec une personne sérieuse ». En boîte de nuit, « les gens cherchent surtout des aventures accorde Sylvie. Puis, je dois m'occuper de ma fille. Je ne peux pas me permettre de sortir tous les week-ends. »

Sortir de l'isolement rural

2001. Le site de rencontre Meetic vient tout juste de sortir. Des pubs passent à la télévision. « Impossible d'y échapper ». Après mûre réflexion, Sylvie saute le pas : « Comme je suis plutôt timide et qu'à la campagne, je suis assez isolé, j'ai trouvé l'idée intéressante et rassurante. Pouvoir filtrer les hommes à travers mon écran m'a sécurisé. Je n'avais pas besoin de m'exposer. Du moins, pas physiquement »

Photo de profil, hobbies, profession, tabac, sport etc. Son profil rempli, l'ex-francilienne n'a plus qu'à se lancer. Les mois passent. De discussions en déceptions et de déceptions en coup de cœur, Sylvie fait la connaissance virtuelle de Norbert en 2001. Lui aussi est séparé de son ex-femme depuis peu et souhaite refaire sa vie. Tous les deux pratique le vélo et raffole de la cuisine asiatique. Qu'à cela ne tienne. Les deux célibataires conversent derrière leurs écrans et au téléphone pendant « une bonne quinzaine de jours » jusqu'à la première rencontre. Réelle cette fois-ci. « C'était nouveau pour nous deux. Nous n'avions jamais fait ça avant. » Pas de coup de foudre pour Sylvie, mais « le courant passe. Il a fallu du temps que la relation s'est installé, ça a fonctionné » explique l'aide-soignante.

« Ça faisait mauvais genre »

A l'heure des présentations aux familles et amis respectifs, le couple convient d'un petit mensonge : ne pas dire qu'ils se sont rencontrés sur un site de rencontre, mais plutôt par le biais d'un ami en commun. « Comme c'était un peu nouveau, ça faisait un peu mauvais genre. Il y avait quelque chose de tabou qui planait au-dessus des rencontres en ligne. Comme si c'était moins naturel que de rencontrer une personne dans la vraie vie. Comme si nous n'étions pas assez aimables et séduisants pour faire des rencontres », déplore le couple.

C'est seulement bien plus tard que Sylvie et Norbert finissent par avouer la vérité et faire part de leurs craintes d'antan. Aujourd'hui pacsés, les amoureux d'internet ne crachent pas dans la soupe. « Il y a encore quelques années, nous étions confortablement installés dans nos vies respectives et là, tout d'un coup, ça dérape. Nous nous sommes retrouvé sur le marché des célibataires à presque 40 ans et avec des enfants. Alors oui, rencontrer quelqu'un en sortant, c'est possible. Mais à un certain âge, c'est un peu déplorable. Meetic est une réelle alternative pour cela. En tout cas, ça l'a été pour nous. Puis comme on dit, il faut bien vivre avec son temps. »

Oriane Chaït